Les thérapies brèves ont vu le jour aux États Unis, dans les années 50, sous l’égide de Gregory Bateson, éminent anthropologue et sous l’influence de Milton Erickson, psychiatre, « Un thérapeute hors du commun » (1)
En marge de la psychanalyse, ce courant a amené un éclairage totalement novateur sur ce que peuvent être les problèmes humains. Pragmatique avant tout, il propose aux praticiens une méthode, rigoureuse et novatrice, en vue de faciliter leur résolution. C’est ainsi que la thérapie stratégique / systémique brève, dite « Thérapie Brève » ou « Modèle de Palo Alto » a vu le jour.
Véritable révolution en son temps dans l’univers de la psychothérapie, ce modèle a largement inspiré la P.N.L.
Toujours d’actualité et largement pratiqué dans le monde de la thérapie, le modèle Palo Alto a également inspiré d’autres approches plus récentes que l’on peut regrouper, avec lui et en complément de l’hypnose Ericksonienne, sous le terme de « Thérapies Brèves »
Le modèle Palo Alto : Une révolution
En quoi ce modèle est-il si novateur ?
Principalement pour les raisons suivantes :
– On ne s’attarde pas sur l’analyse des causes des problèmes. Ce qui est important, c’est ce qui se produit, ici et maintenant, c’est comment cela se produit dans le contexte de référence.
– Ce qui fait problème, ce n’est pas une structure en soi, une essence, par exemple une personnalité pathologique / dysfonctionnelle, mais comment nous interagissons. « Tout est interactionnel » L »approche est donc non normative et l’on s’écarte notamment des étiquettes psychiatriques. La logique est également systémique, interactionnelle, cybernétique.
– En définitive, ce sont les stratégies interactionnelles et interpersonnelles qui nous constituent. On peut parler ici d’une conception constructiviste – et donc non structuraliste – de l’humain.
Des postulats familiers …
Citons certains des postulats du modèle de Palo Alto, issus des travaux de Grégory Bateson :
- On ne peut pas ne pas communiquer : Le comportement n’a pas de contraire.
- Il n’y a pas de réalité en soi, nous construisons nos réalités : Autrement dit, « La carte n’est pas le territoire » pour reprendre la métaphore d’Alfred Korsybski
- Le corps et l’esprit sont les aspects d’une même cybernétique (Nous faisons partie de systèmes complexes)
- La personne n’est pas son comportement.
Le sens de ce sur quoi nous communiquons est dans la réponse que nous obtenons.
- Si cela ne marche pas, faites autre chose (en arrêtant les tentatives de solution inefficaces), si cela fonctionne, faites-en plus.
- Au sein d’un système, plus il y a de choix, mieux c’est : Importance de la flexibilité, comme ressource adaptative.
Postulats auxquels on peut ajouter certains présupposés, vers lesquels convergent ensemble le modèle Palo Alto, le courant du potentiel humain – dont Bateson et son épouse, également anthropologue étaient proches – ainsi que la vision Ericksonienne :
- Chaque personne a en elle les ressources pour parvenir au changement souhaité
- Tout comportement est sous-tendu par une intention positive
L’influence de Gregory Bateson et de l’École Palo Alto
P.N.Listes, en lisant ces quelques lignes, vous aurez immanquablement reconnu des postulats familiers et pour cause : Gregory Bateson est considéré comme l’un des inspirateurs majeurs de la P.N.L, ainsi que le souligne notamment John Grinder dans son ouvrage consacré aux origines de la PNL. (2)
L’histoire de la P.NL commence en effet au Kresge College, sur le campus de l’Université de Californie – Santa Cruz, où Gregory Bateson était professeur.
Grinder et Bandler, comme la plupart des fondateurs de la P.N.L ont été ses étudiants. Bateson est d’ailleurs l’auteur de la préface de l’ouvrage de Bandler et Grinder « The Structure of Magic » (3)
Parmi les apports de Grégory Bateson à la P.N.L, on peut évoquer (4) :
– La vision systémique, interactionnelle de la communication et des problèmes humains,
– L’accent mis sur les notions de cadre, de recadrage, de « pattern »,
– Les notions de flexibilité et d’écologie,
– Dans la communication, l’emphase sur le feed-back,
– Les notions de niveaux logiques et de « Meta » (cf : Meta modèle) ,
– L’influence du langage et la question des « nominalisations »,
– L’importance de la communication non verbale.
Les Thérapies Brèves : Des repères de choix dans le monde du soin et de l’accompagnement
Soixante dix années se sont écoulées depuis la naissance des thérapies brèves… Non seulement ce modèle a conservé toute sa pertinence, mais il tient une place de choix dans la pratique de la psychothérapie à travers le monde et notamment en Europe où il est amplement pratiqué dans les structures de soin et d’accompagnement, notamment en milieu hospitalier.
Plus que jamais d’actualité donc, constamment enrichi par la recherche et par la pratique clinique (5) , le modèle stratégique a également inspiré d’autres courants plus récents dont en particulier : l’approche orientée solutions de Steve De Shazer et Insoo Kim Berg et l’approche narrative de Michael White et David Epston.
Troubles anxieux, troubles obsessionnels compulsifs, dépression, deuils, burn-out, difficultés interpersonnelles, psychotraumatismes, souffrances en lien avec un « trouble de la personnalité », sentiment d’échec personnel, troubles du comportement alimentaire …. Ces approches couvrent le vaste champ des problèmes qui amènent les personnes à consulter.
Tout au long de l’apprentissage, le praticien acquiert des clés pour, notamment, structurer un entretien thérapeutique, générer un espace sécure permettant au patient de se réassocier et d’aller vers le changement, amener le patient en position « client », sceller un mandat thérapeutique, discerner entre la plainte et le problème recadré, établir une collaboration ciblée sur des objectifs partagés, recadrer et amener le patient à vivre des expériences émotionnelles correctrices, activer les ressources internes et externes, changer la façon de faire, prescrire des tâches thérapeutiques appropriées, soutenir et maintenir le changement, favoriser l’autonomie en amenant le patient à « redevenir auteur de sa vie » .
Systémiques et non normatives, ces trois approches ont donc aussi pour point commun de donner au praticien des repères solides et fiables en termes de posture comme de processus thérapeutiques, repères rassurants donc, au service de l’efficacité de l’intervention thérapeutique.
« Cerise sur le gâteau » : Au delà de cette rigueur et de ces repères solides, l’individualité de chaque personne, l’unicité de chaque problématique et donc la créativité – en particulier celle du patient – restent totalement préservées.
Ainsi, sécurité / structure et autonomie / créativité sont tout autant favorisées, pour le patient comme pour le thérapeute.
C’est en tous cas le retour unanime qui nous est fait de la part de nos apprenants, auquel s’ajoute le plaisir qu’ils ont à découvrir, expérimenter puis pratiquer les thérapies brèves qui, par leur esprit novateur, bousculent positivement les visions du monde : Celles des patients comme celles des praticiens qui ont le privilège de se les approprier.
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- Pour en savoir plus : Y. Doutrelugne, O. Cottencin, J. Betbèze, I. Barrois, V. Likaj « Thérapies Brèves Plurielles : Principes et outils pratiques » -Elsevier Masson – 4e édition 2019.
- J. Grinder, F. Pucelik – The Origins of Neuro Linguistic Programming – Crown House Publishing 2013
- R. Bandler, J. Grinder – The Structure of Magic I : A Book about Language and Therapy – Hushion House 1975
- M.Hall – https://www.thecoachingroom.com.au/blog/the-history-of-nlp-part-7-batesons-contributions-to-nlp
- Dont les travaux dirigés par Giorgio Nardone au sein du Centre de Thérapies Brèves d’Arezzo ( Italie)
Isabelle BARROIS est Médiatrice Diplômée d’Etat, Thérapeute en libéral, formatrice en thérapies brèves, hypnose, pratiques narratives, médiation et techniques de résolution des conflits. Plus de 20 ans d’expérience dans le champ de la formation. Titulaire d’un MBA en Management et Stratégie, elle intervient également au sein d’entreprises nationales, d’organismes d’état et de collectivités locales. Certifiée par des Ecoles de grande renommée dans ses domaines d’intervention (Montréal, Paris, Tournai), elle est également formée à la psychologie générale et à la psychopathologie. Praticienne en PNL, elle est membre de l’AFACC (Association Francophone pour les Approches Centrées sur les Compétences)